Avoir envie d'uriner plusieurs fois au cours de la nuit, c'est fréquent mais aussi gênant. Et encore plus si l'on n'a pas le temps de se rendre aux toilettes. Diverses stratégies peuvent être mises en place pour limiter le risque de fuites nocturnes.
Avec le vieillissement, il est fréquent de se lever la nuit pour aller uriner une fois ou deux, voire davantage. On parle de nocturie*. Cela peut être dû à une hypersensibilité vésicale, à une apnée du sommeil**, ou à de la rétention d'eau, et parfois à des causes médicales (on parle alors de iatrogénie médicamenteuse***, quand la prise d'un médicament entraîne des effets secondaires néfastes).
En l'absence de difficultés à se déplacer ou de troubles cognitifs, la personne se lève simplement pour aller uriner. Mais si elle souffre de l'un de ces troubles, elle court le risque de mouiller son lit. Dans tous les cas, il est possible de mettre en place des solutions pour améliorer la situation.
Polyurie ou pollakiurie nocturne ?
Quand on urine très peu la nuit, on parle de pollakiurie**** nocturne ; et quand les volumes sont importants, de polyurie nocturne. Pour être plus précis, si les quantités d'urines émises la nuit représentent plus du tiers du total de celles émises en 24 heures, on urine beaucoup.
Les causes sont très différentes selon ces deux cas. Hommes***** et femmes****** peuvent être touchés.
Pollakiurie : sans doute une vessie hyperactive
En cas de vessie hyperactive, ou hypersensible, le cerveau reçoit le signal d'aller vider la vessie, même quand celle-ci n'est pas pleine. Les envies d'uriner sont donc plus fréquentes, et ceci, de jour comme de nuit.
Pour limiter ce problème, il faut rééduquer sa vessie, et ce, de plusieurs façons. D'abord, il importe de prendre le temps de vider complètement sa vessie à chaque passage aux toilettes : pas de 'pipi express' parce qu'on est pressé ou que l'on veut rester aussi peu de temps que possible dans des toilettes publiques. Ensuite, on s'impose un délai entre deux passages aux toilettes, jusqu'à arriver à 3-4 heures entre chaque passage, ce qui permettra de se lever au maximum une fois par nuit. Selon la fréquence des envies, on peut commencer par deux heures de délai et augmenter de 10 à 15 minutes chaque semaine.
Si l'envie survient avant, on essaiera de respirer profondément, de penser à autre chose pour voir si l'envie passe. Si ce n'est pas le cas, inutile de se retenir ! On ira alors aux toilettes mais sans se précipiter. Le travail des muscles pelviens et du périnée est aussi fort utile, de même qu'une alimentation adaptée, pour lutter, entre autres, contre la constipation, facteurs de risque des fuites urinaires.
Polyurie : apnée du sommeil, rétention d'eau, trop grande consommation d'eau, ou iatrogénie médicamenteuse
Quand les volumes urinés sont importants tout au long de la journée, et aussi la nuit, c'est peut-être simplement à cause d'une trop grande consommation d'eau. Les personnes âgées sont rarement dans ce cas : elles ont plutôt tendance à moins s'hydrater car elles ressentent moins la soif, mais cela mérite d'être vérifié.
Il peut s'agit aussi d'une apnée du sommeil. Cette maladie se manifeste surtout par des ronflements forts, un sommeil perturbé et une somnolence diurne. Mais elle entraîne aussi la sécrétion d'une hormone, l'ANF, qui a pour but de faire travailler les reins pour éliminer le sel. Cela s'accompagne de la formation d’urine en plus grande quantité. L'apnée du sommeil mérite une consultation chez le médecin car elle entraîne des risques importants pour la santé, et une nette baisse de la qualité de vie.
Il peut aussi s'agir de rétention d'eau, due à une mauvaise circulation veineuse, un problème fréquent chez les femmes. Le sang a tendance à stagner dans les jambes (provoquant une sensation de jambes lourdes, gonflées) pendant la journée. La nuit, quand on s'allonge, le sang remonte alors, il est traité par les reins, et la vessie se remplit, provoquant des envies d'uriner. Pour soulager ce problème, il suffit de s'allonger pendant 20 à 40 minutes, les pieds surélevés (voire relevés contre le mur) en fin de journée pour engager ce processus avant d'aller dormir.
Dernière cause possible : la prise de diurétiques, souvent prescrits pour limiter l'hypertension artérielle. Le but de ces médicamenteux est justement de faire uriner, il importe donc de les prendre plutôt en début de journée.
Et si on n'arrive pas aux toilettes ?
Quand les envies d'uriner surviennent la nuit, certaines personnes âgées n’ont pas le temps d'arriver jusqu’aux toilettes. Cela peut être dû à des troubles moteurs, qu'il convient d'aborder avec le médecin ; ou à une mauvaise organisation du logement (si les toilettes sont trop loin de la chambre, ou peu accessibles). Un diagnostic habitat peut alors être utile.
Des troubles cognitifs sont parfois en cause aussi (en particulier si la personne âgée ne se réveille pas alors que sa vessie est pleine), et l'aide du gériatre est alors nécessaire.
Regarder aussi la vidéo : J'ai des fuites urinaires, que dois-je faire ? http://urofrance.org/fileadmin/medias/urologie-en-images/incontinence/default.htm
Et Je vais uriner très souvent, que dois-je faire ? http://urofrance.org/fileadmin/medias/urologie-en-images/pollakiurie/default.htm
- * http://patients.uroweb.org/i-am-a-urology-patient/nocturia/ (en anglais)
- ** http://www.ameli-sante.fr/apnee-du-sommeil/definition-apnee-du-sommeil.html
- *** http://www.ameli.fr/assures/prevention-sante/la-iatrogenie-medicamenteuse.php
- **** http://urofrance.org/nc/science-et-recherche/base-bibliographique/article/html/pollakiurie.html
- ***** http://urofrance.org/nc/science-et-recherche/base-bibliographique/article/html/incontinence-urinaire-masculine.html
- ****** http://urofrance.org/nc/science-et-recherche/base-bibliographique/article/html/incontinence-urinaire-de-la-femme.html